Pendant longtemps, nous les sensibles au gluten, nous avons été pris pour des malades imaginaires. Je me rappelle la question récurrente « tu es cœliaque ? » Quand je répondais que « non », mais que j’allais mieux en me passant de gluten, les yeux se levaient au ciel ». Il y avait « les vrais malades », les cœliaques, et « les faux malades » les sensibles au gluten. Et pourtant nous ne sommes pas fous de constater une amélioration de notre qualité de vie à l’éviction du gluten. Faut-il encore le rappeler : non, nous ne nous passons pas de gluten parce que c’est la mode ! Heureusement les temps changent et la sensibilité au gluten non cœliaque est désormais reconnue.
La sensibilité au gluten non cœliaque est caractérisée par plusieurs symptômes (digestifs ou non d’ailleurs) déclenchés par l’ingestion de gluten chez des personnes pour lesquels la maladie cœliaque et l’allergie au blé ont été exclues. Contrairement à la maladie cœliaque, qui est une maladie auto-immune provoquée par une réaction au gluten chez les personnes génétiquement prédisposées, la sensibilité au gluten non cœliaque ne présente pas les mêmes marqueurs immunologiques ou dommages intestinaux. Pas de marqueurs auto-immuns, pas de destruction intestinale visible au microscope, juste nous et notre mystérieuse réaction au gluten !
Sa définition précise et ses critères diagnostiques sont encore en cours de développement, rendant son diagnostic complexe. Alors, comment diagnostiquer cette créature insaisissable ?
Pour la rédaction de cet article, je me suis basée sur une revue de mars 2023 « Le rôle du gluten dans les troubles gastro-intestinaux ». Vous trouverez le lien vers cette dernière en bas de page. Elle est en anglais, mais vous trouverez des outils de traduction facilement.
Symptômes et diagnostic de la sensibilité au gluten non cœliaque
L’étude décrit la sensibilité au gluten non cœliaque avec des symptômes similaires à ceux de la maladie cœliaque, mais sans les marqueurs immunologiques ou les dommages intestinaux associés à cette dernière. Les personnes sensibles au gluten peuvent avoir des douleurs abdominales, des ballonnements, de la fatigue, et des troubles gastro-intestinaux, (j’ajouterai pour ma part le brouillard mental) qui s’améliorent avec un régime sans gluten. Contrairement à la maladie cœliaque, elle n’entraîne pas d’augmentation du risque de complications à long terme liées au gluten.
Pour identifier la sensibilité au gluten non cœliaque, on vérifie d’abord qu’il ne s’agit pas de la maladie cœliaque ou l’allergie au blé. Puis le diagnostic est principalement clinique, basé sur la réponse du patient à un régime sans gluten. C’est un processus d’élimination et d’observation attentif.
Épidémiologie et impacts de la sensibilité au gluten non cœliaque
La sensibilité au gluten non cœliaque est encore mystérieuse, touchant une proportion inconnue de la population. Contrairement à la maladie cœliaque, dont la prévalence est bien documentée, pour la sensibilité au gluten cela reste flou.
Cette incertitude est liée à l’absence de biomarqueurs spécifiques, rendant le diagnostic compliqué. Et pourtant, les impacts sur la qualité de vie sont bien présents. Les symptômes gastro-intestinaux, la fatigue et les troubles neurologiques peuvent considérablement altérer le quotidien des personnes sensibles.
Origine et mécanismes biologiques
La pathogenèse de la sensibilité au gluten non cœliaque implique une réponse immunitaire à l’ingestion de gluten chez les personnes sans maladie cœliaque ou allergie au blé. Cela pourrait être due à une réaction immunitaire innée au gluten, entraînant une variété de symptômes.
Les mécanismes exacts restent mal compris, mais la recherche suggère une combinaison de facteurs génétiques, immunologiques, et environnementaux. La réponse immunitaire associée ne comprend pas les anticorps caractéristiques de la maladie cœliaque, ce qui, comme évoqué précédemment, complique le diagnostic.
Le traitement de la sensibilité au gluten non cœliaque
Le traitement de la sensibilité au gluten non cœliaque se concentre principalement sur le régime sans gluten pour réduire les symptômes. Il est la base du traitement, nécessitant une élimination stricte du gluten de l’alimentation. Et si c’est votre cas, vous trouverez ici une montagne de recettes sans gluten pour vous aider à faire face.
D’autres aides comme des conseils nutritionnels pour assurer un régime équilibré et la gestion des carences en nutriments peuvent être apporté. Dans certains cas, des approches complémentaires comme le soutien psychologique ou la supplémentation en vitamines et minéraux peuvent être bénéfiques pour améliorer la qualité de vie.
Dans mon cas la supplémentation en vitamines et minéraux m’a beaucoup aidé. On peut supposer qu’avec une inflammation au niveau des intestins, l’absorption des vitamines et minéraux est moins bonne.
Pour le futur
Oui, la sensibilité au gluten non cœliaque est reconnue comme une maladie à part entière, mais sa compréhension et sa reconnaissance sont encore en évolution. Elle se caractérise par des symptômes qui s’améliorent lors de l’adoption d’un régime sans gluten. La recherche continue d’explorer les critères de diagnostic, les mécanismes sous-jacents, et les meilleures approches de gestion pour les personnes atteintes.
Les recherches futures se concentreront sur l’identification de biomarqueurs spécifiques pour un diagnostic fiable, l’étude des impacts à long terme d’un régime sans gluten, et l’exploration de nouvelles thérapies au-delà des modifications diététiques.
Si vous êtes aussi concernés, n’hésitez pas à partager votre parcours dans les commentaires, votre témoignage pourra servir à d’autres personnes qui cherchent des solutions à leurs symptômes.
Source
Cenni, S.; Sesenna, V.; Boiardi, G.; Casertano, M.; Russo, G.; Reginelli, A.; Esposito, S.; Strisciuglio, C. (2023). The Role of Gluten in Gastrointestinal Disorders: A Review. Nutrients, 15(7), 1615. https://doi.org/10.3390/nu15071615
L’étude examine le rôle du gluten dans divers troubles gastro-intestinaux, y compris la maladie cœliaque, la sensibilité au gluten non cœliaque et l’allergie au blé. Elle explore comment le gluten affecte l’inflammation intestinale et la perméabilité, et discute des implications du régime sans gluten pour ces maladies. La recherche suggère une relation complexe entre le gluten, l’inflammation intestinale, et la santé gastro-intestinale, soulignant l’importance d’une approche personnalisée dans le diagnostic et la gestion de ces troubles.
Merci pour cet article sur la sensibilité non coeliaque au gluten.
Il y a une chose qui me gène : On ne parle que de gènes digestives ou neurologiques.
Moi-même j’ai arrêté gluten et laitage, simplement parce que mon amie n’avait PLUS DU TOUT de bouffées de chaleur de ménopause avec ce régime ! Et c’est exactement ce qui s’est passé pour moi; et … chaque fois que je fais un écart, je passe une ou deux nuit à gérer des bouffées de chaleur !
Avec ce régime, il m’est aussi arrivé tout plein de bonnes surprises :
– Perte de poids sans autre effort que ce régime et en mangeant plus (- 10 kg en deux ans) !
– Mon ventre, mes articulations (genoux, chevilles, poignets) et même mon cou ont dégonflés.
– Je n’ai plus de migraines (or elles devenaient de plus en plus fréquentes, longues et difficiles à soigner) …
L’alimentation sans gluten sans laitage est anti-inflammatoire, il ne faut pas se cantonner à la simple digestion !
Bonjour Claire,
Vous avez raison, il y a bien d’autres avantages. Mais je n’ai parlé ici que de ceux mis en avant dans l’étude que j’ai citée.
Merci d’ailleurs pour votre témoignage.